Il s’agit d’un ancien château fort, situé au nord du hameau actuel de Rougemont (Aranc) dont il ne reste aujourd’hui que quelques ruines envahies par la forêt.

Le plus ancien membre de cette famille, Guillaume, vivait en 1150. Pendant neuf générations, les descendants en ligne directe étendent leur domaine, sous la suzeraineté des comtes puis des ducs de Savoie et des sires de Thoire-Villars. La lignée directe s’arrête avec le décès, en 1508, d’Huguette de Rougemont, mariée avec son cousin Gaspard seigneur de Pierrecloux. Avec Balthasar, arrière-petit-fils de Gaspard de Pierrecloux, la seigneurie de Rougemont va quitter la famille. En effet, ce dernier vend la seigneurie de Rougemont à Jean François de Grenaud écuyer sergent-major de la ville de Bourg vers 1630.

Joseph de Grenaud, petit-fils de Jean-François, marié à Catherine de Montillet en 1663, obtient, en 1696, l'érec­tion de la seigneurie de Rougemont en marquisat. Ils ont quatre enfants - Jean-Louis, Jean-Pierre, Christine et Véronique - dont trois vont, successivement, devenir marquis de Rougemont.

Jean-Louis, ayant succédé à son père, fait en 1710 un testament avec une substitution des deux tiers de ses biens, au profit d'un cousin Jean-François de Montillet [descendant direct des Montillet de Champdor], évêque d'Oléron, à charge de porter aussi le nom et les armes des Grenaud, au cas où ses frères et sœur décéderaient sans enfant en légitime mariage. C'est ce qui arrive. Jean-Louis décède en 1712, Véronique en 1736, Jean-Pierre en 1740, tous n'ayant pas de descendant. Vers 1758, Jean-François de Montillet, devenu archevêque d'Auch, primat de Novempopulami et de Navarre, hérite de Jean-Louis de Grenaud, et devient de Montillet de Grenaud marquis de Rougemont.

Le titre de marquis de Rougemont est successivement porté par Pierre-Anthelme frère de Jean-François, puis Louis-Honoré, fils de Pierre-Anthelme, tous résidant au château de Rochefort près de Belley.

Louis-Honoré de Montillet de Grenaud, marquis de Rougemont, baron de Corcelles, seigneur de Champagne, Rochefort et autres places, ayant émigré à la Révolution, tous ses biens sont confisqués et vendus aux enchères en 1795.

Mais le château est déjà ruiné : Les rôdeurs démontent portes, fenêtres, gonds, poutres, les angles en pierre de taille, tous matériaux utiles à la construction des maisons des habitants d'Aranc.

Une affiche est placardée, annonçant la vente d'une partie des biens de Louis-Honoré Montillet (sic) "Une masure assez volumineuse du château de Rougemont, antérieurement délabré, avec les prés et hermitures d'alentours, le tout contigu et penteux ...". C'est un nommé Bozon, de Rougemont, qui emporte l'enchère.

En 1838, Joseph Marie Bozon, Jean Louis, son frère, et Pierre Jean Bozon possèdent en indivision les ruines du château, et séparément les prés alentours. En 1949, le domaine passera à leurs descendants, Camille Reydellet et Berthe Vernay.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire les ouvrages et articles de Georges et Pierrette Dupont dont les Cahiers du Dreffia n°13, et "Aranc Autrefois" et celui de Thierry David Faure-Nillet.