Le Maquis de l'Ain

 

sur le plateau

 

d'Hauteville-Brénod-Retord

 

Le maquis de l'Ain est l'un des plus actifs de la Seconde Guerre Mondiale, qui a causé le plus de pertes à la Wehrmacht, mais c´est aussi l'un des plus méconnus.

 

Après l’invasion de la Zone Sud par la Wehrmacht au cours de l’hiver 1942-43 les Allemands exigent l’envoi en Allemagne de 300.000 spécialistes et travailleurs français. Devant l’inefficacité des services, les Allemands passent à la contrainte et en avril-mai 1943 déclenchent dans les grandes villes des rafles de jeunes qui sont déportés en Allemagne.

Les compagons des Chantiers de la Jeunesse, le 14 juillet 1941, sur la place de Brénod © archives Maguy Havez
Les compagons des Chantiers de la Jeunesse, le 14 juillet 1941, sur la place de Brénod © archives Maguy Havez

Les montagnes du Haut-Bugey qui avaient été propices à l’accueil des Chantiers de la jeunesse, sont alors devenues un refuge pour tous ceux qui, traqués par les autorités (réfractaires au STO, évadés, Polonais, Russes, Espagnols, Yougoslaves, etc.) se camouflaient dans des fermes en forêt afin d’échapper à la répression. Éloignée des grands axes routiers, elles offraient une existence souvent moins exposée que dans leur région d’origine.

 

Jean Moulin à Montpellier © archives d'André Maclet
Jean Moulin à Montpellier © archives d'André Maclet

La Résistance française n’a pas inventé les maquis. Devenus à la Libération symboles de la Résistance, les maquis sont en réalité nés en dehors d’elle, en décembre 1942, de l’initiative de réfractaires ayant décidé de se cacher pour fuir le départ en Allemagne au titre de la Relève, puis en février 1943 pour échapper au Service du travail obligatoire (STO).

 

La création des premiers maquis n’entrait pas dans les plans des instances dirigeantes de la Résistance. Le Parti communiste, qui se dote en 1942 d’une branche paramilitaire avec les Francs-tireurs et partisans (FTP), s’il prône la lutte armée et l’action immédiate contre l’occupant depuis l’été 1941, souhaitait initialement limiter ses actions dans les villes. Si les mouvements non communistes (Combat, Franc-tireur, Libération) unifient, en 1942, leurs formations paramilitaires au sein d’une Armée Secrète (AS), celle-ci ne devait pas entrer en action avant le débarquement.

 

Une création qui n'allait pas de soi

 

Cette situation nouvelle, la possibilité de transformer ces camps de réfractaires en maquis de combattants armés et la question de leur encadrement, provoquent au printemps 1943 une crise au sein des instances dirigeantes de la Résistance.

 

Jean Moulin refuse l’aide financière indispensable que lui demandent les mouvements pour équiper les maquis. Après plusieurs mois de tensions, un Service national maquis rattachée directement au comité directeur des Mouvements unis de la Résistance (MUR), ainsi qu’une école des cadres (Romans-Petit à la ferme des Gorges [Aranc] ), sont finalement mis sur pied au cours de l’été 1943. Après avoir hésité, la Résistance décide donc d’encadrer les camps et de développer la lutte armée avec ceux qui souhaitent s’engager.

 

Compagnon du Chantier de la Jeunesse de la Bâtonnière [Brénod] © archives Maguy Havez
Compagnon du Chantier de la Jeunesse de la Bâtonnière [Brénod] © archives Maguy Havez

Les responsables locaux des mouvements de Résistance organisent des filières permettant de prendre en charge les réfractaires qui souhaitent "prendre le maquis" (l’expression, venue de Corse, se répand au cours du printemps 1943) pour les emmener dans ces camps-refuges. Ces initiatives venant de la base mettent les chefs de la Résistance devant le fait accompli.

 

À l’automne 1943, les maquisards sont entre 40 000 et 50 000 environ. Ils ne représentent cependant que 15 à 20 % des réfractaires au STO. Beaucoup préfèrent trouver une couverture avec un emploi dans une exploitation agricole. D’autres continuent à se cacher dans des camps, mais ne sont pas forcément prêts à la discipline militaire et aux risques encourus. Des camps-refuges n’ayant aucune fonction militaire continuent de se développer jusqu’à la Libération.