Les mairies - écoles
La question de la mairie ne se pose pas avant la création de la fonction de maire, c'est à dire au moment de la révolution française. Avant cela, et selon l’époque et les lieux, on parlera de pairs, d’échevins ou de conseillers, de major, maïer ou mayer, nommés chaque année par les habitants eux-mêmes (c'est à dire par les chefs de ménage). Pour ce faire, la plupart du temps, c'est dans l'église que les habitants se réunissaient. C’était un lieu pratique, où tous pouvaient tenir sans peine et qu’ils connaissaient bien puisque, de leur naissance à leur mort, il rythmait toutes les grandes étapes de leur vie. Ce maire de l’époque administrait le village pour le compte du seigneur. L’histoire des maires, est donc l’histoire d’une fonction tiraillée entre le pouvoir central et les administrés, mais c’est aussi l’histoire d’une émancipation, et selon certains, de la victoire de la démocratie, ne fusse-t-elle que locale.
La Révolution, en transformant chaque paroisse rurale en commune, entité territoriale disposant d’un corps municipal chargé de l’administrer, crée en même temps un besoin d’édifices municipaux. Une mairie est à la fois un lieu de conservation des archives, du cadastre, des documents d’état civil, et un lieu de réunion du conseil municipal, dont les sessions se multiplient au long du siècle. Cependant l’installation de l’administration municipale reste précaire. Assez souvent, il semble que ce soit le maire qui accueille dans sa maison (gratuitement ou contre le versement d’un loyer) les activités de l’administration municipale. Ainsi le local est soumis à des changements fréquents, préjudiciables à la bonne conservation des archives.
L’amélioration de l’installation municipale viendra beaucoup de son association avec l’école.
De la maison-école à la mairie-école, une épopée de 50 ans
En 1833, la Loi Guizot sur l’enseignement primaire relance la politique de laïcisation dans les communes. Elle impose à toutes les communes de plus de 500 habitants de se doter et d’entretenir une maison d’école. Beaucoup d’entre-elles, dans la nécessité de construire (ou d’acquérir) une école publique, saisissent cette occasion pour ménager dans le nouvel édifice un espace destiné au service municipal. La loi municipale du 18 juillet 1837 quant à elle se contente d’inscrire au nombre des dépenses obligatoires « l’entretien, s’il y a lieu, de l’hôtel de ville ou du local affecté à la mairie ».
Vingt ans plus tard, une circulaire du ministère de l’Instruction publique rappelle les normes relatives aux constructions scolaires (emplacement, dimensions de la salle de classe, logement de l’instituteur obligatoirement composé de trois pièces).
En 1867, une nouvelle loi donne une troisième impulsion au mouvement de construction des écoles de garçons et de filles dont bénéficient les mairies en demandant leur séparation. Enfin, les années 1883-1884 constituent l’ultime étape. La loi du 20 mars 1883 impose aux communes de posséder en propre la maison d’école municipale, celles qui louaient ce local doivent acquérir ou construire une maison d’école.
Le souhait d’améliorer les conditions matérielles de l’enseignement primaire a souvent fourni l’opportunité aux communes de devenir propriétaires de leur local municipal. En effet, plus que l’installation matérielle de l’administration municipale, c’est l’amélioration du service scolaire qui est souvent à l’origine du projet.
Pour les constructions scolaires, la commune bénéficie de l’aide de l’État. Il subventionne la partie du bâtiment destinée au service scolaire, évaluée généralement à 90 % de la dépense. C’est donc avant tout par souci d’économie et par commodité – l’instituteur faisant souvent office de secrétaire de mairie – que les communes associent la mairie et l’école dans un même bâtiment, et ce depuis la loi Guizot. Le pragmatisme, avant l’idéologie, explique cette association.
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