Les stèles

 

Stèle de Lacoux
Stèle de Lacoux

Une seconde modification intervient dans la perception du monument aux mort. Selon les cas, la forme monumentale est souvent appelée "stèle", ou mieux encore "mémorial". Cette évolution des termes, notamment le dernier, utilisé à la fois pour des musées d’histoire des guerres et des monuments commémoratifs, élargit la fonction mémorielle du monument aux morts.

 

Mémorial du Struthof réalisé en pierre d'Hauteville-Lompnes
Mémorial du Struthof réalisé en pierre d'Hauteville-Lompnes

 

 

 

 

Les monuments érigés après 1945 ont généralement été construits dans les communes où ont eu lieu des affrontements, dans les maquis où des Résistants étaient implantés et dans des villes et villages où des sévices ont été infligés à la population. Ces monuments sont fréquemment isolés : au bord d’une route, voire à l’entrée d’un chemin rural, aux abords d’un champ ou sur les lieux-mêmes du déroulement d’exécutions sommaires ou d’affrontements entre l’armée allemande et des résistants.

La réalisation des monuments de la Première Guerre Mondiale avait traduit à la fois la constitution d'une nation et la prise de conscience de l'individu dans cette nation. Cette action avait émané concomitamment d'un mouvement de société, que l’État avait davantage accompagné que conduit.

Il en est tout autrement avec la Seconde Guerre Mondiale. Communes et associations sont incitées par l'État à commémorer les faits et les hommes du conflit, alors que lui-même s’implique financièrement et fait réaliser, par exemple, le mémorial national de la déportation au Struthof, le mémorial du Mont-Faron ou celui de la France combattante au Mont-Valérien ou encore celui des Maquis de l'Ain et du Jura à Cerdon (voir ci-dessous). Son rôle est alors officiellement perçu comme garant de l’unité nationale.

Stèle de la Grange du Rut (Lacoux)
Stèle de la Grange du Rut (Lacoux)

 

Dès lors l'hétérogénéité des monuments et leur dissémination sur l’ensemble du territoire, atteste l’existence de plusieurs mémoires.

 

MENTION SPÉCIALE POUR LE MÉMORIAL DES MAQUIS DE L'AIN ET DU JURA

 

Le 29 juillet 1951 est inauguré le mémorial du Val d'Enfer à Cerdon.

 

 

Le mémorial est dédié aux 700 morts des maquis de l’Ain et du Haut-Jura. Il est édifié dans un virage de la RN 84. Le lieu a été choisi car il domine Cerdon qui est un village martyr de la Résistance. Le 12 juillet 1944 au cours de l’Opération Treffenfeld lancée contre les maquis une division allemande investit le village de Cerdon. Trois habitants, Charles Bolliet, Francisque Corcellut et Émile Rougemont furent fusillés, douze furent déportés et 47 maisons furent incendiées.

 

Au pied de l’immense statue de 18 mètres de haut se trouve un tombeau dans lequel repose le corps du maquisard inconnu qui a été inhumé le 29 mai 1954.
Le cimetière du mémorial a été inauguré le 24 juin 1956 en présence du général de Gaulle. Il comprend 89 tombes qui regroupent les corps de 36 français dont de nombreux responsables de la Résistance locale, sept Espagnols, deux Polonais, deux Italiens, un Russe, cinq Nord-Africains choisis avec l’accord de leurs familles et 35 inconnus provenant de divers lieux d’inhumation.
Le 21 octobre 1984, une tombe honorifique a été posée symboliquement en mémoire de Robert Ducasse disparu au camp de Souge (Gironde), en présence de sa famille et de Lucie Aubrac.

 

Plusieurs membres de la Résistance nés, domiciliés ou décédés sur le Plateau d'Hauteville-Brénod y sont inhumés :

 

  • Alexis ARNOUX. Il était domicilié à Hauteville-Lompnes (Ain) et exerçait le métier d’employé.

Sur la commune d’Hauteville et le 13 juin 1944, Francis Cléard, Gabriel Guillermet et Alexis Arnoux avaient reçus pour mission d’aller avec une ambulance récupérer des maquisards blessés à La Lèbe. Ils furent capturés au cours de cette mission, au barrage de Ponthieu. Alexis Arnoux est exécuté le 20 juin 1944 à Challes-les-Eaux (73).

  • Germain CHEVROLET. Il entra dans la Résistance avec le pseudonyme "Le Suisse" au maquis de la ferme Pré-Guy appartenant au camp Michel, à Brénod (Ain).

Le 5 février 1944, un violent accrochage eut lieu au lieu-dit "Le Monthoux". Un petit petit groupe de Résistants du Camp Michel croisa un détachement allemand. Les deux groupes firent feu. Trois jeunes résistants tombèrent sous les balles allemandes.

  • Fernand JUHEM. En 1940, il était domicilié à Corlier (Ain) et exerçait le métier d'agriculteur.

Ancien maquisard, chauffeur du capitaine "Chabot" après la Libération, il mourut accidentellement en service le 15 novembre 1944 à 17h30.

  • Joseph JUHEM. Il était domicilié à Corlier et exerçait le métier de cordonnier.

Le 7 février 1944, des troupes allemandes arrivèrent à Corlier et effectuèrent une rafle parmi les habitants. Joseph Juhem fut arrêté et fusillé avec quatre autres villageois et deux jeunes d'Izenave.

  • Louis JUHEM. Il exerçait le métier d’agriculteur à Corlier (Ain).

Il fut un des pionniers de la Résistance dans l’Ain avec le pseudonyme "Coco". Il était agent de liaison et ravitaillait les camps. Il fut tué à l’ennemi le 11 avril 1944, à Boyeux-Saint-Jérôme (Ain).

  • Jean LACHAMBRE. Originaire des Vosges, il fut exécuté le 6 février 1944 à Évosges (Ain).

Réfractaire au STO, il séjourna dans plusieurs villes et arriva au centre de triage de la ferme du Mont, près de Nantua, Le 6 février 1944, accompagné de Frédéric Goldenberg, Jean François Lachambre se rendait en mission de ravitaillement à la fruitière d’Évosges. Surpris par les Allemands qui montaient en direction de la ferme de Marchat, ils furent arrêtés, interrogés puis abattus.

  • Henri PORTE. Originaire de la Loire, il était domicilié à Lyon , dans le 6ème arrondissement et exerçait le métier de chaudronnier à l’usine Atelier de Construction d’Irigny (Rhône).

Le 22 juin 1944 les Allemands firent une incursion sur le plateau puis en se retirant sur Hauteville, ils croisèrent Henri Porte et le fusillèrent à dix heures derrière un buisson au lieu-dit l’Abbaye, à Thézillieu.

  • Félix RIGHETTI. Né vers 1896 (lieu non connu), il exerçait le métier de manœuvre à Bellegarde.

Son cadavre fut retrouvé au lieu-dit "La Pérouse" à Corcelles le 14 juillet 1944. Il fut reconnu par les habitants comme le prisonnier, inconnu dans la région, qui avait été emmené par les Allemands la veille. 

  • Paul SIXDENIER. Il était étudiant et demeurait avec sa famille à Hauteville-Lompnes (Ain) où sa mère était infirmière.

Il participa au défilé des maquisards le 11 novembre 1943 à Oyonnax (Ain). Le 16 décembre 1943, de retour, d'une mission de sabotage aux usines Schneider qui fabriquait des locomotives, des pièces de blindage et des chars, au Creusot, la voiture qui ramenait l’équipe d’Édouard Bourret passa trois barrages allemands. Ils furent stoppés par un quatrième barrage, situé au lieu-dit La Galoche (Saint-Laurent-d’Andenay). Le lieutenant Bourret fut abattu alors qu’il tentait de faire diversion pour permettre à ses camarades de s’enfuir. André Vareyon et Louis Tanguy s’échappèrent, Paul Sixdenier et Félix Le Noach furent arrêtés pour « activité de franc-tireur ». Paul Sixdenier fut incarcéré à la prison de Dijon le 17 décembre 1943. Le 21 janvier 1944, il fut condamné à mort avec Félix Le Noach par le tribunal militaire allemand de Dijon (FK 669). Le 29 janvier, les autorités allemandes les fusillèrent tous les deux au stand de tir de Montmuzard à Dijon. Le collège d'Hauteville-Lompnes a été désigné "Paul Sixdenier".

 

Pour en savoir plus vous pouvez visionner les monuments et les stèles dans la galerie photos,

 

Vous pouvez aussi visionner d'autres stèles ne concernant pas les conflits armés

 

Et encore :