Églises et chapelles du Plateau d'Hauteville-Brénod

Depuis quand nos églises existent-elles ?

Sur notre plateau, isolé des grandes voies de communication romaines, il est fort probable que la présence chrétienne n’advint qu’au 9ème -10ème siècle au plutôt.

 

À cette époque, sur le plan religieux, le Plateau d’Hauteville-Brénod était écartelé entre 3 évêchés : Lacoux et Longecombe étaient sous l’autorité de l’archevêché de Lyon, Hauteville-Lompnes dépendait de l’évêché de Genève (fondé au début du 5ème siècle), Thézillieu et Prémillieu de l’évêché de Belley, fondé aussi au 5ème siècle. Il faudra attendre :

  • le VIIIe siècle pour que soit établie l’abbaye de Nantua ;
  • le IXe siècle celle de l’abbaye de Saint-Rambert
  • le XIIe siècle celles de Meyriat (1116) et celle de Saint-Sulpice (1130). Dans les écrits apparaissent alors la plupart des églises et chapelles du Plateau : Hauteville (1137), Champdor (1169), Corlier (1213), Mazières, Saint-Pierre etc.

 

On peut distinguer 4 grandes périodes bâtisseuses d’églises :

  • Le XIIe et XIIIe siècle mal connu ;
  • Le XVe et XVIe siècle époque de repeuplement il est alors nécessaire d’agrandir les églises (voir l’église de Corcelles, Cormaranche, Brénod etc.) ;
  • Le début du XVIIe siècle, après les destructions causées par les guerres de religion et plus encore par les dégâts dus au manque d’entretien des bâtiments ;
  • La fin du XVIIIe et au XIXe siècle, période de réparation et de construction nouvelle.

 

Qui décide, qui finance ?

La construction des églises est avant tout une affaire de communauté, celle des abbayes ou celles des communautés de villageois.

 

La décision de construire était prise, parfois, parce que l'ancienne église menaçait ruine, ou s'était effondrée, faute d'un entretien suffisant, ou encore à la suite d'un incendie. Mais cette décision était prise, le plus souvent, pour faire face à un accroissement de la population : l'église devait pouvoir contenir l'ensemble des habitants de la paroisse.

 

En ce qui concerne le financement des travaux, le principe de base était que le chœur était à la charge de ceux qui percevaient la dîme, et la nef à la charge des paroissiens ; quant au clocher, cela dépendait de son implantation. Les sources de financement étaient multiples

  • La fabrique : la construction et l'entretien des églises sont sa raison d'être,
  • La piété des fidèles par des quêtes exceptionnelles,
  • Les bienfaiteurs plus ou moins généreux ; privés ils ont toujours apporté quelque contribution à la construction des églises.

Le tracé des églises moyenâgeuses n'est pas laissé au hasard

Sous l’impulsion des moines clunisiens, des cisterciens, les compagnons constructeurs édifient les églises romanes, suivant des règles très précises. "Pour les hommes du Moyen Âge tout ce qui constitue le monde matériel est en correspondance symbolique avec une chose ou un être situé dans le monde spirituel." et les églises doivent donc favoriser la relation entre la Terre et le Ciel, entre les hommes et Dieu.

 
Elles sont traditionnellement orientées c'est-à-dire axées vers l'Orient de la Jérusalem céleste. Pour ce faire les bâtisseurs établissent probablement les axes de la construction grâce à la gnomonique, science de l'orientation solaire bien connue de l'Antiquité. À partir de cet axe, le plan de l'édifice est tracé, vraisemblablement à partir d'un carré, qui sera développé dans une forme plus complexe, mais géométriquement cohérente. Ce procédé n'est pas systématiquement avéré de nos jours, mais sa pertinence pratique s'impose.(Symboles Michel Tillie)

 

Les bâtisseurs utilisent des outils hérités des grands savants de l'Antiquité, comme Pythagore ou Thalès. L'exemple le plus emblématique de cet héritage est la fameuse corde à treize nœuds, un instrument géométrique à l'échelle du chantier.

 

De ces églises moyenâgeuses, il ne reste que des traces dans les églises du Plateau, sur leurs fondations ont été construites d’autres églises. 

 

Comment ont été construites les églises et chapelles du Plateau ?

Assez systématiquement, la nouvelle église était construite à la place de l'ancienne, dont la situation était généralement excellente, au centre du village, le plus souvent sur une hauteur, pour être visible de tous. Il n'existait pas d'autre emplacement disponible !

 

Mais il ne fallait pas, pendant les travaux, interdire la poursuite des offices religieux : on construisait donc par portions successives, un élément de la nef, puis un autre, puis le transept, puis le chœur (ou dans l'ordre inverse). On ne démolissait l'ancienne église que par portions, et, à chaque étape, on isolait les parties conservées, assez généralement par un mur provisoire.

 

Les travaux duraient souvent fort longtemps, principalement par manque de crédits : des dizaines d'années (ou même des siècles !)

 

Quand les travaux duraient longtemps, ce qui était le cas assez général, on réalisait chacune des différentes portions successives selon le style de son époque.

 

Il en allait de même lorsqu'on voulait agrandir, par exemple en ajoutant des travées à la nef.

 
C'est ainsi qu'on voit une nef gothique accolées à un chœur roman ou l'inverse.

 

Parfois, bien après la construction, on ajoute des chapelles latérales entre les arcs-boutants, dont les culées sont alors noyées dans les murs de séparation ou bien on les ajoute en dehors de la construction.

 

On a souvent utilisé une grande quantité de fer, sous forme de barres rondes, ou plates, ou carrées, pour concourir à la stabilité : ces barres sont pour la plupart noyées dans le haut des murs, pour réaliser ce qu'on appelle des chaînages (car, au début, c'étaient des chaînes que l'on utilisait), on ne les voit donc pas.

 

Mais parfois on a aussi placé des barres (qu'on appelle alors : tirants d'ancrage, ou tirants tout court), d'une manière apparente, entre deux éléments de la construction, pour leur éviter de s'écarter.

 

Ainsi, peu d'églises sont véritablement de style pur ! Mais vous pouvez vous amuser à retrouver les différentes étapes de la construction, ou de la reconstruction, après des dommages dues aux intempéries, à la guerre, ou, plus bêtement, à des démolitions volontaires dues aux révolutions ou encore à la "mode" : le style d'origine n'étant plus au goût du jour.

 

Pour en savoir plus vous pouvez vous rendre sur les pages des églises des villages , des croix et calvaires et des statues de la Vierge