L'art des écrivains
Les écrivains évoqués dans ces pages figurent dans l'ouvrage Le Plateau d'Hauteville-Brénod au fil des mots à paraitre pour les Journées Européennes du Patrimoine 2022.
Si l'écriture est un mode de communication, c’est aussi un art. C’est elle qui exerce le plus notre imagination. En étant si paisible et sans visage, l'écriture peut permettre au lecteur de projeter son imagination aussi loin et aussi prodigieusement que possible, d’accéder au monde du rêve et du merveilleux.
On confond souvent un écrivain, un historien, un romancier et un biographe. Bien évidemment, ils ont tous un point commun : l’histoire et l’écriture. Toutefois, leurs rôles, leurs missions sont très différentes, là où les historiens analysent notre passé, les biographes transmettent l’histoire, les romanciers, quant à eux, créent des œuvres fictifs.
Qu’ils soient d'une autre époque ou nos contemporains, des écrivains ont eu pour le plateau d'Hauteville-Brénod une fascination notoire. Poètes comme Gabriel de Moyria ou Delphine Arène ; historiens comme Samuel Guichenon ou dom Dubois ; romanciers comme Alphonse de Lamartine, George Sand, Louis Aragon, Paul Claudel, René Bazin, Joseph Kessel, Marcelle Sauvageot ; auteurs culinaires comme Anthelme Brillat-Savarin ; essayistes ou journalistes comme Jacques Julliard ou Pascal Brückner, tous livrent donc au lecteur leur représentation de la réalité (à retrouver dans l’ouvrage Le plateau d’Hauteville- Brénod au fil des mots).
François Michel (1916-2004), musicien et musicologue écrit ses mémoires dont le tome 1 est intitulé Par Cœur il y évoque Le Bugey.
Par Marc-Ernest Fourneau — Travail personnel, CC BY-SA 4.0https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=46822474
Il fait revivre avec drôlerie et vivacité tous ceux qui marquèrent son existence : Supervielle, Bourdelle, Félix Fénéon, Gide, Claudel, Valéry, Colette, Malraux, Paulhan, Jouhandeau, Ionesco, Caillois, Cocteau, Artaud, Cassandre, Lifar, Picabia, Cioran, Matisse, Leonor, Fini, Michaux, Balthus, Gertrude Stein, Ponge, Florence Gould, Nimier, Jacques Laurent, Louise de Vilmorin, Dali... Et le Bugey. Il mentionne, à cette occasion, le toponyme Lompnes :
Hélas les accents disparaissent. Je choisis les toponymes franco-provençaux dont l'orthographe est burlesque, "flamboyante". Dans l'Ain, on trouve Hauteville Lompnes, Lompnes doit se prononcer Lonne. La télévision, la radio, disent Lomp(e)nès. (François Michel)
Natif de Brénod, journaliste politique à l'hebdomadaire Nouvel Observateur, durant 32 ans, Jacques Julliard ( 1933 ), lui, publie en 2012, Les gauches françaises. 1762-2012 : Histoire, politique et imaginaire. Il y évoque son village natal, Brénod:
Je suis originaire d’un village du Haut-Bugey, nommé Brénod en souvenir, paraît-il, du chef gaulois Brennus, à moins que la racine gauloise celtique « bren » ne désigne quelques marécages, situés non loin de là. À quatre kilomètres se trouve le village de Champdor, d’où Aragon a tiré Champdargent dans Les Voyageurs de l’impériale. Ces deux villages connaissaient la même structure agraire : des petits paysans parcellaires, qui se partageaient entre l’élevage et l’exploitation de la forêt, avant que la « fin des paysans » et une nouvelle colonisation, faite de résidents secondaires lyonnais, ne viennent modifier profondément la population. Pourquoi le premier a-t-il voté massivement à droite (…) pendant tout le siècle écoulé, alors que le second votait non moins massivement à gauche ? Ce n’est pas le social-économique, autrement dit le marxisme, qui nous tirera d’affaire : il n’y a pas en ce domaine de différences significatives d’un village à l’autre...(Jacques Julliard)
Voici donc les faits, l’histoire de trois villages, Lompnes, Brénod, Champdor racontés par ces deux écrivains.
Mais Alphonse de Lamartine (1790-1869) et Louis Aragon (1897-1982) nous brossent à travers leur roman Mémoires de jeunesse et Les voyageurs de l’impériale une autre vision du village de Lompnes (village rattaché à Hauteville en 1942) et du château de Champdor : description du tableau naturel qui entoure le château d’Angeville pour Lamartine ; réalisme et condition humaine pour Louis Aragon.