Les zones humides de Brénod
Ce site de 317 hectares sur les communes de Brénod, Champdor-Corcelles, Nantua, Les Neyrolles, Le Petit-Abergement, Saint-Martin-Du-Frêne, Vieu-d'Izenave, est un haut lieu de biodiversité.
Celui de Brénod-Corcelles-Champdor, un ensemble de 15 zones, est l’objet de nombreux enjeux notamment en matière de ressource en eau.
Les marais et tourbières jouent un rôle important dans la gestion de la ressource en eau, en particulier en zones de sources comme ici. Ils régulent les écoulements vers les vallées, en stockant puis en restituant l’eau progressivement telles des éponges. La capacité de régulation des zones humides a été largement entamée par la destruction de vastes surfaces de ces milieux. Heureusement quelques territoires, comme celui de Brénod, ont su conserver des sites exceptionnels.
La Combe de Léchaud concentre une densité exceptionnelle de huit tourbières, avec en particulier quelques tourbières acides à sphaignes. La grande valeur biologique de certaines a été identifiée lors de l’inventaire des tourbières de Rhône-Alpes.
L’origine de ces tourbières remonte à plusieurs milliers d’années. Lorsque les glaciers se sont retirés, ils ont laissé des creux tapissés de dépôts argileux. Conditions idéales pour l’accumulation de tourbe grâce à la mauvaise décomposition de la litière. La profondeur de tourbe ainsi emmagasinée au cours des siècles est de plus de 5 mètres dans les tourbières de la Combe de Léchaud ! Il n’y a pas de trace d’exploitation de la tourbe dans la Combe, le bois était sans doute suffisamment abondant. C’est ainsi une mémoire de plusieurs milliers d’années qui a été constituée, la tourbe gardant la trace de la végétation du passé.
Jusqu’au début du 20e siècle la Combe de Léchaud comptait une centaine d’habitants ; toutes ces tourbières étaient pâturées. Des études ont mis en évidence de profondes modifications de la végétation suite au pâturage et à son abandon. Ainsi la tourbière de la Béroude était une vaste roselière à bouleaux avant d’être mise en pâture. Après des passages visiblement importants d’animaux pendant plusieurs décennies, il ne reste pas un seul roseau et à peine quelques jeunes bouleaux pointent leur tige. À la place une végétation très particulière s’est installée, à base de mousses constructrices de tourbe : les sphaignes.
Un étang se définit comme étant une étendue d’eau douce stagnante, créée par l’homme à partir d’une dépression topographique naturelle. L’étang possède un système de vidange et sa superficie est supérieure à cent mètres carrés. La profondeur de ce type de milieu est faible (généralement inférieure à trois mètres) conduisant à l’absence de stratification thermique permanente.
Le complexe des étangs Marron compte au total sept étangs connectés les uns par rapport aux autres par un réseau de chenaux et de bondes. La surface occupée par les sept étangs fait au total un peu plus de sept hectares. L’étang principal occupe à lui seul une surface d’environ quatre hectares et demie. Les autres étangs ont des surfaces comprises entre 0,15 et 0,95 hectare.
Les étangs Marron, du nom d’une famille de Brénod, ont été créés vers 1120. À l’origine il n’y avait qu’un seul grand étang qui servait de réserve d’eau et de pêche pour les moines de l’Abbaye de Meyriat. L’évacuation de l’eau par un système de fossés et de rigoles permettait, en outre, d’améliorer la qualité agricole des terres environnantes. L’étang était destiné à l’élevage, principalement de la carpe, le poisson étant la seule source de protéine autorisée par l’Église les jours maigres. Les étangs de plus petite taille situés de part et d’autre de l’étang principal ont été créés plus récemment aux alentours des années soixante-dix.
Ces milieux créés et façonnés par l’homme pour un usage piscicole constituent un patrimoine culturel et historique ainsi qu’un réservoir de biodiversité. En effet, les pratiques d’exploitation traditionnelle permettent le rajeunissement cyclique de l’écosystème et conduisent à un entretien permanent d’une importante biodiversité animale et végétale.
Les étangs Marron constituent un héritage transmis de génération en génération. La famille qui possède une grande part de ce patrimoine culturel est la famille MASSONNET. Cette dernière utilisait les étangs pour la pêche commerciale. Aujourd’hui, la zone est pêchée uniquement pour leur consommation personnelle et leur est réservée.
L’étang des Loups est connu comme un site naturel particulièrement remarquable depuis que l’iris de Sibérie y a été découvert en 1979. La présence de cette plante rarissime a justifié la protection du site par arrêté préfectoral. De plus en 2000, il a été identifié comme l’une des tourbières les plus intéressantes du département de l’Ain.
Les tourbières, héritages des dernières glaciations, sont des espaces où des conditions particulières (froid, sols gorgés d’eau) ont permis à des plantes de trouver leur dernier refuge. Il faut savoir qu’en France, la moitié des zones humides a disparu au cours des 30 dernières années : aujourd’hui, elles ne représentent plus que 3 % du territoire métropolitain. La richesse écologique de l’étang des Loups a donné lieu à des recherches approfondies pour envisager la mise en place d’une gestion des milieux naturels. Les enjeux patrimoniaux et la volonté locale ont motivé la réalisation d’un plan de gestion avec le soutien financier renouvelé de l’Agence de l’eau, la Région Rhône-Alpes et du Conseil général de l’Ain. "