Cent quarante milliards, c'est le nombre de cartes postales qui circulèrent de par le monde de 1894 à 1919 ! On en raffolait et les collectionnait volontiers dans des albums à feuillets ornés de rinceaux et de décors de la Belle Époque. On les regardait avec plaisir. C'était comme l'ancêtre de la télévision : la photographie, image de la réalité, se démocratisait et entrait dans les maisons les plus modestes. Puis la mode tomba peu à peu, les cartes furent reléguées dans les greniers ou s'amoncelèrent chez les brocanteurs heureux de trouver preneurs, même à vil prix.
Pourtant, depuis les années 1970, si les cartes contemporaines s'envoient assez peu, les anciennes sont recherchées à nouveau et les cours flambent. Mais entretemps, les motivations ont changé. Vers 1900, la carte illustrait le progrès triomphant : on était fier d'écrire aux amis en leur montrant la mairie-école construite depuis peu, la petite usine qui apportait l'innovation et l'argent au village ou le tramway qui arrivait empanaché de fumée et de gloire. De nos jours, lorsqu'il nous arrive d'adresser une carte postale aux parents et amis, ce n'est pas la gare que l'on envoie, ni un semi-remorque en cours de chargement, mais un paysage ou un monument où, précisément, toute notion de progrès est absente. La carte, la couleur aidant, symbolise désormais les loisirs, la culture et les vacances.
Si les collectionneurs s'arrachent maintenant les cartes anciennes, c'est souvent pour retrouver le monde de leurs parents, l'aspect du village qui les a vus naître, en bref leurs « racines », comme on dit souvent. L'historien y trouve aussi son compte, car une seule image en dit plus long que des dizaines de pages de texte. Tous les aspects de la vie de l'époque sont concernés : La vie rurale, les techniques, les débuts de l'automobile et de l'aviation, le désenclavement des campagnes par le tramway et l'autobus, le costume régional, l'habitat, l'artisanat et le commerce, la vie sociale ou encore la santé, l'art ou l'architecture.
L’intérêt primordial de ces documents pour la connaissance du début du XXe siècle, à la veille et au lendemain de la guerre de 1914-1918, n'a pas échappé aux responsables de l'association Le Dreffia qui nous proposent aujourd'hui bel album consacré aux communes des cantons d'Hauteville et de Brénod.
Près de quatre cents cartes, accompagnées de quelques photographies véritables et inédites, illustrent la vie quotidienne de la région à la Belle Époque, source inépuisable de renseignements pour chacun. Les cartes sont judicieusement présentées par thèmes, et non par communes. Le « Plateau » apparaît ainsi comme une entité humaine à part entière avec ses problèmes et ses originalités spécifiques qui lui donnent une place de choix dans notre beau département.
Auteurs : Louis Guy et Yann Cruiziat
Numérisation des documents Pierre-Paul Struye, Louis Guy, Gérard Cruiziat
Format 21x29 ; 240 pages ; 468 illustrations
prix 15 €
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